C'est un camouflet pour la liberté d'expression. Le Dr Ghassan Abu Sitta, chirurgien palestino-britannique qui a été témoin direct des violences subies par les Palestiniens à Gaza, s'est vu refuser l'entrée en France et dans l'espace Schengen.
Invité à un colloque au Sénat français le 4 mai par la sénatrice écologiste Raymonde Poncet-Monge, le médecin a été stoppé net dès son arrivée à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. La raison ? Une interdiction de visa délivrée par l'Allemagne qui l'avait déjà bloqué mi-avril alors qu'il devait participer à une conférence à Berlin sur la question palestinienne.
“La police a pris sa décision, je ne peux plus rien faire”, a déploré le Dr Abu Sitta, contraint de repartir vers Londres d'où il était arrivé. Un refoulement expéditif qui l'a profondément choqué : “C'est la criminalisation des victimes. Le gang complice du génocide essaie de faire taire les témoins.”
Des propos accablants qui illustrent l'immense frustration de ce médecin, directement confronté aux pires souffrances lors de son séjour d'un mois et demi dans la bande de Gaza au début de la guerre. Un témoignage de première main indésirable en Europe, où les voix palestiniennes semblent être systématiquement étouffées.
En interdisant l'accès à un observateur aussi bien informé sur les réalités du conflit, l'Europe fait bien piètre figure en matière de liberté d'expression. Pire, elle alimente les soupçons de partialité dans ce dossier sensible en censurant les voix dissidentes au récit dominant.