La sphère juridique tunisienne est en ébullition après les allégations choc de torture visant l'avocat Mehdi Zagrouba. Arrêté le 13 mai dans des circonstances déjà controversées lors d'un assaut musclé de la police à la Maison de l'avocat, ce dernier aurait subi des actes de torture selon ses confrères.
La défense de M. Zagrouba a dénoncé des faits accablants. Lors de son audition par le juge d'instruction, celle-ci a été interrompue afin de permettre un examen médical en urgence du prévenu. Une démarche visant à constater les traces de violence physique présumées, qui auraient motivé le dépôt d'une plainte pour torture.
D'après les témoignages, l'interpellation houleuse de l'avocat s'est déroulée dans un climat de violences extrêmes. Les forces de l'ordre l'auraient violemment agressé, traîné au sol et même dénudé par la force. Des actes d'une brutalité révoltante qui auraient laissé des séquelles visibles sur son corps.
Si le ministère de l'Intérieur justifie l'arrestation par des actes d'outrage et de violence envers des agents, la communauté juridique réfute ces arguments. Pour l'Ordre National des Avocats de Tunisie (ONAT), M. Zagrouba a bel et bien été “torturé lors de son arrestation et durant sa détention”.
Une accusation d'une extrême gravité qui a poussé l'instance à appeler à une grève générale nationale ce jeudi et à manifester devant le Palais de Justice de Tunis. Dans la nuit, un communiqué de l'ONAT a dénoncé sans détour “un crime de torture” à l'encontre de M. Zagrouba, tenant les agents du ministère de l'Intérieur “pleinement responsables des agressions et de la torture”. Des actes qui nécessitent, selon l'Ordre, des poursuites et des sanctions pénales.