Dans un revirement procédural, le ministère public a décrété lundi 13 mai l'extension de 48 heures supplémentaires du régime de détention provisoire appliqué aux journalistes Borhen Bssais, présentateur à la télévision et à la radio, et Mourad Zeghidi, chroniqueur.
Cette mesure intervient après leur comparution matinale devant le procureur de la République, au cours de laquelle ils ont été interrogés au sujet d'allégations de déclarations médiatiques et de publications sur les réseaux sociaux remontant jusqu'à 2020, susceptibles de porter atteinte à la personne du chef de l'État. Ils devront comparaître devant un juge d'instruction dans les prochains jours.
Borhen Bssais et Mourad Zeghidi avaient initialement été placés en détention provisoire dimanche pour 48 heures. Selon leur avocat, Me Ghazi Mrabet, M. Zeghidi est poursuivi en vertu du très controversé décret 54, promulgué en septembre dernier par Saïed. Ce texte, qui réprime la diffusion de “fausses nouvelles” selon une interprétation pour le moins extensive, est dénoncé par les défenseurs des droits humains comme un outil de bâillonnement des voix dissidentes.
En l'espace d'un an et demi, ce sont ainsi plus de 60 personnes, journalistes, avocats et opposants politiques, qui ont fait l'objet de poursuites judiciaires sur cette base légale aux contours mal définis. Une répression systématique de toute critique à l'encontre du régime issu du coup de force de juillet 2021.
L'irruption brutale des forces de l'ordre au siège de l'Ordre national des avocats pour procéder à l'arrestation de Sonia Dahmani illustre également le climat de terreur instauré. Une scène choquante, filmée en direct par la chaîne France 24 dont l'équipe a été prise à partie par les policiers cagoulés.
